
Le tracé du GR 20
Corse – du 5 au 10 septembre
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La genèse du projet : la corse à pied, le tracé du GR 20 en 5 jours
Celui-ci naît d’une discussion avec Silvio lors de laquelle il apparait que chacun d’entre nous a toujours rêvé de faire le GR20. Banco ! Nous allons donc projeter de le faire en 2020.
Commence alors quelques recherches afin de récolter le plus d’informations possible. Rapidement, nous nous accordons et estimons qu’il est réaliste de le faire en 5 jours. Ceci aussi en relation avec les vacances restantes à disposition.
Nous décidons alors d’en parler à l’occasion d’une AG de l’Arole ainsi, plus on est de fou plus ce sera marrant.
Vous pouvez vous douter qu’à l’évocation du projet, celui-ci devient propriété intellectuelle du Président du club. Rapidement, notre Napoléon de service entrevoit une équipe d’appui, des parachutages dans le terrain, une couverture satellitaire une cuisine 5 étoiles avec chef et plus encore.
Bref, le projet prend gentiment forme. 5 membres du club se dévoilent, Fredo, Philippe, Silvio, Yvan, le prospect Fabien et moi-même. Nous arrêtons une date de départ au 6 septembre 2020. A cet instant là nous ne savons pas que le COVID19 va s’installer dès mars 2020.
Ceci étant chacun met en place son petit programme de préparation. Notre président Napoléon annexera St-Cergue qu’il transformera en hospice pour coureurs de montagne, le temps de la préparation. Silvio et moi-même profiterons de son généreux accueil pour réaliser de nombreux entraînements dans la région de St-Cergue. Ceci nous permettra aussi de travailler la préparation des itinéraires et celle de la logistique qui nous accompagnera en Corse et sera composée de JGP et Séb.
Relevons aussi que notre président aura largement profité de ces rendez-vous St-Cerguois afin de se faire coacher par Il Dottore Mannino et de nous accompagner dans bon nombre de sorties en couvrant de loin nos arrières. Ceci dit, nous avons pu constater de réels progrès. Notre président a atteint le firmament de son état de préparation lors de son séjour à Ibiza.
Bref, les préparatifs vont bon train, les 3 étapes par jour sont identifiées, les lieux pour dormir aussi, le projet se fignole bien, sauf pour notre cuistot qui, en descendant de son vélo elliptique pour retrouver les sentiers de terre découvre qu’il a une hanche abîmée. Après quelques essais avec du dénivelé, il doit renoncer et c’est à regret qu’il quitte le train de la préparation.
De la théorie à la pratique
Samedi 5 septembre 2020
Chaque protagoniste se retrouve à Calenzana, lieu de départ du GR20 Nord/Sud. Les sereins sont rassemblés et notre dernière soirée pré-course est digne des meilleures sorties Arolardes. Il n’y avait aucune raison de se priver de tout pour arriver à rien donc, bonne bouffe accompagnée de bonnes bouteilles ont complété cette veille de départ. C’est vite vu, il n’a manqué que la course en slip (habituelle avant les courses longues distances) par la Mettraux Family dans les rues de Calenzana, et le maire serait venu couper le ruban au petit matin. En fins préparateurs, nous avions au préalable effectué la reconnaissance jusqu’au portail officiel du départ (histoire de ne pas se perdre d’entrée de jeu).

L’équipe de la logistique

Les Arolards à la porte du GR20
Dimanche 6 septembre 2020
25.62 km | temps de marche: 8h54 | D+3’144 m | D- 1’924m
Avant d’arriver sur le premier refuge Ortu di U Piobbu nous doublerons quantité de randonneurs partis plus tôt et surtout plus lourd. Le premier contact avec le refuge nous laisse un goût amer quant à l’accueil Corse. A partir de ce refuge l’on découvre que le terrain n’est pas du tout celui que nous imaginions. Les sentiers sont des pierriers agrémentés de nombreux passages aériens de dalles granitique où il vaut mieux avoir la cheville souple et le pied bien posé. Bref l’un dans l’autre nous abattons la distance en ne marquant pas trop de pauses. En fin de journée, après une longue descente dans ce terrain exigeant et instable, nous atteignons le col de l’Asco où notre équipe logistique nous a préparé un camp d’accueil digne d’une réception au Ritz. Tente déployée, boissons, charcuterie, fromage, champagne. Ce déploiement de luxe attire immanquablement quelques curieux, voire des groupies persuadées de rencontrer un team de pro. Quelques dédicaces sur des strings et autres soutiens-gorge, voire à même la peau (et bien oui, les randonneuses n’avaient pas prévu cette rencontre et nous non plus !), nous prenons nos quartiers assignés par notre Napoléon suivi d’un repas pris en commun à l’hôtel Le Chalet à Asco. Une nuit réparatrice ne sera pas de trop pour repartir à l’assaut du GR20.




Le début de la féminisation du club
Ce jour-là, partis à 5 nous arriverons à 6 accompagnés d’une jeune fille moldave habitant à Nice, et qui s’est lancée seule ce matin. Bon, elle s’est aussi un peu perdue. Celle-ci du prénom de Tatiana a profité du rythme que nous avions et s’est mise dans le «train» de l’équipe Arole pour la journée. D’entrée de jeu elle nous a tous épatés car même si nous marchions, le rythme était soutenu et son sac pesait 7 kg. Dès lors, pour l’avoir eu derrière moi, je peux affirmer qu’elle s’est bien fait violence pour encaisser la distance et surtout les 3’144 D+.
Du coup, une discussion a lieu et il n’y a aucune raison que le groupe l’abandonne pour les étapes suivantes. Décision est prise, elle reste mais va alléger son sac de ses affaires inutiles pour les journées qui vont suivre puisque nous savons pouvoir compter sur nos arolards logisticiens.


Lundi 7 septembre 2020
22.40 km | temps de marche 7h41 | D+1’830 m | D- 1’876m
Cette étape est clairement la plus engagée et la plus alpine du GR, car nous avons tous décidés de passer par le Cirque de la Solitude. Tracé qui n’est plus entretenu, plus marqué et qui a été déséquipé (échelles, cordes fixe et chaînes). Elle nous emmènera jusqu’à près de 2’200m. Nous adoptons d’entrée de jeu un rythme mesuré afin de ne pas prendre de risque, Fabien le prospect cheyenne en éclaireur afin de trouver les passages, tonton Frédo qui confirme et emmène le groupe dans cette voie aérienne.
Après quelques heures nous sortons vainqueurs et pas peu fiers de ce cirque et nous nous dirigeons vers le refuge de Tighettu pour une courte pause. Le plein d’eau est fait, un café avalé et nous décollons vers le deuxième objectif du jour, le refuge de Ciottulu di i Mori pour manger un plat de pâte. Lorsque nous le quittons nous croisons pour la 2ème fois de la journée Christel, fribourgeoise partie en couple aussi pour 5 jours.


Nous l’avions vue en matinée au refuge de Tighiettu avec son mari blessé qu’elle a dû laisser plus bas dans le vallon à la bergerie de U Vallone où il a pu trouver un véhicule et rejoindre la vallée puis Vizzavona, lieu d’arrivée de l’étape du jour. Nous proposons à Christel de se joindre à nous, mais elle a besoin de marquer une pause nous quittons la cabane et la laissons seule. S’ensuit une longue descente sur le Col de Verghio. Surprise !! Nos 2 lascars de la logistique sont venus à notre rencontre à la hauteur de la cascade de Radule.


Notre président va donc nous emmener jusqu’à sa voiture déposée à couvert où l’apéro est préparé. Bon, se prenant pour Napoléon de retour de l’Ile d’Elbe, il force un peu l’allure, à tel point que l’aigle se brûle les ailes et notre Jean-Gab finira ce petit bout d’étape affalé sur une chaise tout en sifflant un Coca en guise d’apéro, ce qui est assez rare pour être cité, vous en conviendrez.
Une anectdote ! Lors du repas du soir au restaurant du col de Verghio, nous avons appris qu’une équipe de Trailer étaient partis le matin même de Calenzana et se trouvaient au restaurant 6 étapes en une journée quand même !. Nous en avons eu la preuve car l’un d’eux en arrivant dans la salle du restaurant s’est tout bonnement évanoui à l’entrée. Lorsque ceux-ci se sont retirés, nous avons pu constater qu’ils marchaient en claudiquant et avaient perdus leur côté félin.
Mardi 8 septembre 2020
40.35 km | temps de marche: 12h53 | D+2’593 m
Le fait d’avoir délibérément choisi de nous arrêter la veille au col de Verghio a amputé de 14km l’étape de hier qui aurait dû nous emmener jusqu’à la cabane de Manganu. Ceci nous a permis d’éviter une nuit en refuge mais a comme désavantage de rallonger une étape déjà longue qui doit nous emmener jusqu’à Vizzavona.
Le briefing a lieu aux alentours de 6h30 et Christel vient grossir les rangs de notre groupe. Elle nous accompagne dans le but de rejoindre son mari blessé lequel se trouve déjà à Vizzavona avec l’espoir de pouvoir repartir demain. Nous recevons la consigne de notre président de ne pas ramener une groseille de plus ce soir. Il nous rappelle une fois encore que le club se veut exclusivement de genre masculin. Nous partons aux aurores sur un sentier facile et notre groupe avance d’un bon pas dicté par le rythme métronomique de notre ami Mettraux.
Un premier col est passé, celui de St-Pierre et nous déroulons jusqu’aux Pozzines du lac Nino que nous passons au trot afin de rejoindre au plus tôt la cabane de Manganu où nous prendrons un café sandwich.




Grosse montée dès la sortie du refuge 800D+ en direction des lacs Mello et Capitello. L’on retrourve les enchaînements biens techniques avant de déboucher par la brèche de Capitello. Une vue magnifique nous permet de voir tout le cirque rocheux au dessus des 2 lacs. La suite est un cheminement de chèvre au milieu des éboulis qui nous transforme en funambules suspendus au-dessus des lacs de la Restonica. Sortis de là, non sans avoir au préalable franchi le col de Rinoso (2’170) et Punta Muzzela, une longue descente dans les pierres nous attend avant notre prochain arrêt, la cabane de Pietra Piana pour la pause de midi. Une assiette de viande et fromage Corse plus tard, nous faisons le choix de la variante alpine : un itinéraire plus court en crête qui requiert un pied montagnard et qui doit aussi nous faire gagner 1h30 selon les gardiens de la cabane. Une vraie perle ! Le parcours est esthétique à condition d’être à l’aise dans les rochers. Une fois les crêtes derrière nous, nous apercevons au loin en contre-bas la cabane de l’Onda puis en face de nous la prochaine difficulté et non des moindres, un sacré morceau de 900m D+ va nous amener à Punta Muratelle avec comme dessert une descente difficile dans sa première partie qui nous achève à petit feu avant d’atteindre finalement le col de Vizzavona.
Une rapide analyse de la distance et de l’heure nous indique à l’évidence que nous allons arriver de nuit. Comme de coutume, nous n’avons pas de réseau afin de transmettre un point de situation à notre équipe logistique. La nuit approche d’autant plus que nous descendons au creux de la vallée. Il est alors décidé que je parte en éclaireur avec Fabien pour désigner la direction générale au groupe et surtout pour essayer d’établir la liaison avec le soutien. Ce n’est qu’après être bien descendu que j’obtiens un contact avec Jean-Gab et lui demande de se rapprocher en direction du col pour nous prendre en charge. Le contact se fera dans la nuit vers 21h, nous mettons les 2 filles dans le véhicule et partons en léger pas de course pour les 3.5km qui restent à faire avant l’hôtel.
Jean-Gab et Séb ont réussi à maintenir les cuisines ouvertes et c’est dans cet état que nous nous asseyons à table pour avaler ce repas chaud bienvenu. Une fois de plus nos bagages nous ont précédés dans les chambres et nous sommes bien contents de nous coucher dans un lit après s’être douché et avoir rétabli notre matériel.
Mercredi 9 septembre 2020
50.28 km | temps de marche: 13h56 | D+3’123 m
Nous entrons dans le GR20 sud. Malgré une nuit en hôtel, l’impression d’avoir peu dormi domine. La fatigue se lit sur les visages éclairés par nos lampes de poche au petit matin. Comme nous partons tôt et que la légendaire hospitalité Corse n’est pas l’apanage du propriétaire de l’hôtel, nous sommes contraints de compter sur notre équipe logistique pour nous assurer le petit déjeuner. Pour la petite histoire, le patron de l’hôtel a refusé de nous vendre confiture et pain la veille afin de nous permettre de prendre une collation le lendemain matin.
Qu’importe, une bonne boisson chaude du fromage, du saucisson et de la viande Corse feront l’affaire. C’est ainsi que nous nous lançons pour cette quatrième journée qui doit nous amener au bivouac vers le col Laparo.
La première partie consiste en une lente montée jusqu’à Bocca Palmente sur un sentier sans grande difficulté. S’ensuit une 2ème partie à flanc de coteau avec quelques beaux points de vue sur la vallée ce qui nous permet de prendre un bon rythme et de monter graduellement jusqu’aux bergeries d’Alzeta puis d’E Scarpaceghje. Un bon gros dernier raidillon nous attend pour la traversée de la forêt de Sambuccu, avant de rejoindre la route et le refuge d’E Capanelle où nous marquons une pause café sandwich.


La 2ème partie doit nous emmener jusqu’au col de Verde où nos accompagnants s’y trouveront pour la pause de midi. Si cette section est plutôt simple, il faut comptez environ 3h pour rejoindre le Col de Verde, dans une épaisse forêt de pins et de hêtres. A l’approche du col des odeurs de grillades nous taquinent les naseaux et toute la troupe se réjouit du festin. Sauf qu’entre le moment où nous arrivons, le temps de remplir les gourdes et les cuisines ferment. Proche d’un col routier la terrasse est remplie de locaux en train de faire bombance. Nous devrons nous contenter de chips, coca, chocolat et eau gazeuse avant de repartir à l’assaut du refuge de Prati en passant par la Bocca d’Oru (1840m) soit en gros 600m D+. Après quelques heures nous pointons au refuge de Prati sur un plateau et au vent. Celui-ci nous amène des nuages et une petite bruine.
Ça sent le mauvais temps ! Nous ravitaillons style F1, enfilons une couche puis nous dégageons rapidement de là pour la suite. Une magnifique étape en ligne de crête, technique et exposée.
Le topo dit : « il convient d’être prudent en cas de mauvaise météorologie ». Du refuge de Prati, il faut compter 1h30 pour rejoindre la crête et le point culminant de cette randonnée la Punta Cappella (2041m). Et que pensez-donc qu’il nous arriva ? 2km à peine après ce passage, nous essuyons un orage carabiné qui ramène la visibilité à 10m. Comme le sentier est plutôt roulant, nous trottinons afin de sortir de cette zone et c’est ainsi que nous passons le col de Laparo sans trop s’en apercevoir et que nous dépassons la zone de bivouac pour continuer bille en tête à travers une belle hêtraie en direction de la Punta Bianca que nous passons ciel découvert et soleil couchant. Nous basculons de l’autre côté de la crête et apercevons le refuge d’Usciolu au loin et à l’ombre de la combe. C’est là que je me réveille envahi par un énorme doute et demande à Fredo que nous fassions le point sur l’endroit où nous sommes. Fabien part sur une ligne de crête sur la droite voire si l’antenne est visible et nous établissons un contact avec Jean-Gab afin de lui expliquer la situation. Nous ne sommes pas équipés pour passer une nuit en cabane ou sous tente et sans manger si ça se trouve !


De plus, nos amis ont déployé un campement de luxe de telle sorte que nous ne pouvons renoncer à faire demi-tour et faire le chemin inverse, d’environ 5km, via les crêtes, avant de redescendre par la Bocca di a Furmicula (425D-) et, enfin, rejoindre le campement vers 21h30. A l’arrivée, C’est un peu la soupe à la grimace et les organismes déjà bien fatigués se seraient bien passé de cet épisode. L’on retiendra que chacun est heureux de manger un bon plat de pâte aux lardons et de bénéficier de vraies prestations hôtelières. Après une nuit pas vraiment réparatrice pour les uns, le petit déjeûner sous la tente principale distille une odeur de café et d’onguents. Nous ne sommes pas trop loquaces. Lors du rapide briefing, nous choisissons parmi les différentes variantes le parcours qui nous semble le plus économique en ressources. Jean-Gab nous informe qu’il se trouvera au col de Bavella, dernier endroit à route carrossable du parcours. Une petite bruine s’installe gentiment et chacun branche son cerveau sur le mode combat avant de s’en aller.


Jeudi 10 septembre 2020
49.66 km | temps de marche: 13h35 | D+2’540 m
3è fois que l’on repasse cette foutue crête qui nous amène au refuge d’Usciolu où nous faisons le plein d’eau. Philippe, dont les pieds sortent de ses chaussures prend de l’avance. Nous le rattraperons au sommet de l’arête. Cette partie comporte quelques petits passages impressionnants mais rien de très dangereux. Nous suivons l’arête faîtière, en restant le plus haut possible, le GR® passe par le point culminant de cette arête la Punta di a Scadatta (1836m). Après la Bocca di l’Agnone nous descendons sur le plateau de Cuscionu. Avant de l’atteindre, une discussion a lieu au sein du groupe. Nous sommes conscients que le rythme que nous avons ne nous permettra pas de rallier la fin de cette dernière étape. Le choix de scinder le groupe s’effectue. Fredo et Fabien continuent sur ce rythme avec Philippe. Silvio, Tatiana et moi-même pensons que c’est encore jouable d’atteindre Conca dans la même journée. Nous prenons congés de nos amis et nous élançons au trot sur le plateau. Il traverse de magnifiques pozzines, et nous pouvons courir avec plaisir sur cette portion.


Nous franchissons un petit ruisseau, des petits bois de hêtres, des clairières. Un autre chemin part sur notre droite toujours pour rejoindre Zicavo. Nous continuons en suivant le balisage et traversons la rivière à l’aide de la passerelle suspendue. Une fois de l’autre coté de la rivière le sentier monte en longeant un petit talweg pour atteindre le petit col au dessus, (Col de Luana 1805m).
Nous prenons un autre itinéraire en direction de la Bocca de Chiralba qui longe la rivière. En cours de route, les traces se font plutôt rares et après une séance de jardinage lors duquel Silvio va en repérage de l’autre côté de la rivière, je pose la carte et tire un azimut en direction de la Bocca en passant d’un bout de trace à une autre. Nous atteignons malgré tout le col de Chiralba et pouvons nous diriger vers la Bocca Stazunarra avant de basculer pour la descente d’enfer sur le refuge d’Asinau où nous espérons pouvoir manger. Et…. C’est la déception, au refuge rien à part des barres chocolatées, des cacahuètes soufflées et des compotes, sans parler que du côté des boissons, c’est orangina, eau et café ou thé. Nous de ferons qu’une courte pose avant de descendre en direction d’une magnifique forêt en direction des aiguilles de Bavella. Comme prévu lors du briefing matinal, nous ne monterons pas aux aiguilles malgré le fait que cette option nous ferait gagner une bonne heure car le topo décrit cette variante alpine très technique. Nous aurons l’occasion en discutant sur le parcours avec deux trailers ayant fait une boucle depuis le col de Bavella et qui nous dépassent qu’il n’en est rien. Dans cette partie relativement plate, roulante avec quelques coups de culs, notre amie Tatiana montre quelques signes de fatigue et nous signifie qu’elle ne peut suivre ce rythme. Le trailers nous ayant indiqués que nous étions à moins d’une heure du col, nous lui donnons le numéro de tél. de Jean-Gab afin qu’elle fasse la jonction avec lui au col. A partir de là avec Silvio, il est clair que nous avons comme seul objectif d’arriver à Conca.
De plus, nos amis ont déployé un campement de luxe de telle sorte que nous ne pouvons renoncer à faire demi-tour et faire le chemin inverse, d’environ 5km, via les crêtes, avant de redescendre par la Bocca di a Furmicula (425D-) et, enfin, rejoindre le campement vers 21h30. A l’arrivée, C’est un peu la soupe à la grimace et les organismes déjà bien fatigués se seraient bien passé de cet épisode. L’on retiendra que chacun est heureux de manger un bon plat de pâte aux lardons et de bénéficier de vraies prestations hôtelières. Après une nuit pas vraiment réparatrice pour les uns, le petit déjeûner sous la tente principale distille une odeur de café et d’onguents. Nous ne sommes pas trop loquaces. Lors du rapide briefing, nous choisissons parmi les différentes variantes le parcours qui nous semble le plus économique en ressources. Jean-Gab nous informe qu’il se trouvera au col de Bavella, dernier endroit à route carrossable du parcours. Une petite bruine s’installe gentiment et chacun branche son cerveau sur le mode combat avant de s’en aller.


De fait, à la lecture des indicateurs de marche, notre optimisme en prend un coup. C’est écrit 7h pour Conca. A ce stade, il n’est plus temps de tergiverser et Go on !
Une belle sente en forêt de résineux accompagnée de roches aux formes diaboliques nous offre un décor de carte postale. La nuit est douce et notre arrivée au refuge de Paliri se boucle en une heure. Sur site c’est la fête du slip avec Pink Floyd The Wall à fond les manettes. Silvio part compléter nos gourdes, je cherche du réseau et répond à un couple qui m’interroge sur notre provenance. Ma réponse les désarçonne. Sa femme me répond mais nous n’y serons que dans 3 jours à Usciolu! Et lui de me demander si nous faisons le GR de nuit… ☺


Nous quittons Woodstock pour la garrigue et les éclairs annonciateurs d’un orage qui ne manque pas de nous tomber sèchement sur la tête. C’est ainsi que sous le déluge nous avancerons en cherchant une ou deux fois la trace avant de parvenir à la dernière difficulté la Bocca d’Usciolu (et oui maudit rappel) avant de définitivement dégringoler dans ce qui ressemble plus à une rivière qu’à un sentier pour arriver à 23h30 à la fin de cette étape, de l’aventure et un peu au bout de mes réserves.
Il pleut des douilles, nous cherchons à nous abriter et à appeler Séb qui, miracle nous répond par le plus merveilleux des messages, « j’arrive maintenant à Conca » décidément le tandem logistique aura été jusqu’au bout au top de la performance.
Le temps de changer quelques affaires et nous embuons la voiture qui nous ramène à Porto Vecchio dans une magnifique villa dont la réservation a été orchestrée par Jean-Gab.
C’est enfin le temps de manger un plat de pâtes et boire un bon verre de rouge avant de s’exfiltrer direction le lit.
Le lendemain, nous retrouvons toute l’équipe et partagerons de superbes moments autour de la piscine en regardant nos chevilles enflées par la rétention d’eau. Je vous passe la description des pieds de Philippe qui ne font vraiment pas envie. Une dernière soirée autour de merveilleux plats et boissons et le samedi nous accompagnons nos arolards à l’aéroport de Figari. Fin du périple.
Quelques chiffres clés
Temps de marche effectif : 57h
Kilométrage 188.30km
D+ 13’230
Rapporteur B. Sauthier novembre 2020


